vendredi 30 juin 2017

Adieu, Madame


Parce qu’il y a des moments de l’histoire qui ne se disent pas.
Être jolie, pour les filles en temps de guerre, c’est parfois une chance de survie.
C’est parfois un risque de mort. Et pire encore.
C’est parfois un choix qui n’en est pas un : perdre deux vies, ou n’en sauver qu’une.

Ce mot :
C’est pour ces enfants qui sont rentrés chez eux, un beau jour avant 1975, et qui ont trouvé leur mère morte dans une flaque de sang.
C’est pour toutes ces femmes, sorties de l'aile maternité, qui passent à la casserole illico avec retour à la case départ au bout de 9 mois.
C’est pour toutes ces mères niées qui n’ont pas pu enfanter après « complications ».
C’est pour toutes ces femmes qui ont entendu dire « je me retiens » - c’est pour tous les enfants nés ensuite.
C’est pour tous ces enfants qui n’ont pas été désirés, ceux du placard, ceux qui ont bouffé dans la gamelle du chien, ceux qui…

C’est pour toutes celles qui regretteront toute leur vie de l’avoir fait, alors qu’elles savaient que c’était la meilleure solution, qu’elles n’avaient pas d’avenir à offrir à leur futur enfant, et qui chercheront tout au long de leur vie son regard dans celui des autres.

C’est pour, dans un monde où l’eugénisme sera bientôt roi, qu’on respecte autant le choix de la vie que le choix de ne pas la continuer.
Car c’est le choix de l’amour. Pour les deux.

Adieu, Madame.


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