vendredi 6 janvier 2017

Compte rendu du colloque
« Autisme & Inclusion : Les Bonnes Pratiques en pratique »
suivi du spectacle « Le Bal des Pompiers »
organisés par l’APEPA à l’occasion
de la Journée Internationale des Personnes Handicapées
du 3 décembre 2016

Cette journée a connu un franc succès, tant auprès des familles que des professionnels et des étudiants. Il faut dire que les intervenants étaient particulièrement intéressants et que le thème de la journée une importante source de préoccupation chez ce public diversifié.

14h : Allocutions d’ouverture du colloque et de la Journée :

ü Mot de Freddy Hanot, Président :

Monsieur le Ministre, monsieur le Délégué général aux droits de l’enfant, Monsieur le Président du Collège Provincial,
Mesdames, mesdemoiselles, messieurs,
Au nom de l’Association de Parents pour l’Épanouissement des Personnes Autistes, je vous souhaite la bienvenue dans ce très beau Centre Culturel de La Marlagne.

Permettez-moi tout d’abord de remercier la Fédération Wallonie-Bruxelles, Madame la Ministre Schyns et le Centre Culturel Marcel Hicter (dit La Marlagne) et la Région Wallonne par Monsieur le Ministre Prévôt qui nous ont donné les moyens d’organiser cette journée.

Comme autre preuve de l’intérêt que portent la Fédération Wallonie Bruxelles et la Région Wallonne à l’autisme, soulignons la présence parmi nous de Monsieur Bernard De Vos, Délégué général aux droits de l’enfant qui va nous dire un mot dans le cadre de sa mission et de Monsieur le Ministre Prévôt qui va nous parler du tout nouveau plan autisme transversal dont il est un des promoteurs au niveau gouvernemental. Ce plan dont nous rêvions depuis si longtemps et qui est enfin là.

Aujourd’hui, 3 décembre, c’est la Journée Mondiale de la Personne Handicapée, ce qui nous rappelle que l’autisme a été reconnu comme handicap spécifique en 2004 par la Communauté Française et nous avons décidé de mettre l’autisme en évidence en lui consacrant cette journée sur le thème : « Autisme et inclusion, bonnes pratiques en pratique ».

Cette après-midi, nous commencerons par un colloque où vous aurez l’occasion d’écouter des exposés sur l’état des connaissances scientifiques d’abord, sur les 2 principales approches éducatives et comportementales et sur leur complémentarité ensuite. Nous devions avoir parmi nous deux des pionniers de l’introduction de ces approches dans notre pays : le professeur Magerotte et Monsieur Théo Peeters. Malheureusement, le Professeur Magerotte a dû s’excuser ce matin, son épouse ayant un sérieux problème de santé.
Après quoi, vous aurez l’occasion de vous répartir en ateliers, en plus petits groupes où vous pourrez interagir avec des spécialistes à deux reprises. Vous avez donc dû choisir deux des cinq ateliers proposés.

Enfin, pour terminer la journée sur une note joyeuse, pour vous détendre, vous amuser même, nous avons invité l’acteur Laurent Savard qui présentera ce soir son one man show « Le Bal des Pompiers » où il jette un regard drôle et amusant sur le monde de l’autisme.

Je vous souhaite une fructueuse et agréable journée et cède la parole à Monsieur Bernard De Vos, Délégué Général aux Droits de l’Enfant.

ü Mot de Bernard de Vos, Délégué Général aux Droits de l’Enfant :

Ce Plan Autisme Transversal est une de mes préoccupations, depuis des années. Il est maintenant bien présent, et ce sont de grandes opportunités.

Ce qui pose particulièrement souci, maintenant que l’on pose des diagnostics de plus en plus tôt, c’est que les Centres de Références Autisme sont débordés, le nombre insuffisant de places, l’attente de plusieurs mois voire plusieurs années pour des services de jour, résidentiels ou en enseignement spécialisé, par exemple dans des régions comme la botte du Hainaut, assez sinistrée.

J’étais dernièrement à Vilnius pour un rassemblement avec mes homologues européens, et la Fédération Wallonie-Bruxelles a été jugée au top. Au top en tant que mauvais élève de l’inclusion ! La région flamande intègre 1 élève sur 2, la région germanophone 1 sur 4, et chez nous seulement 1 sur 10.

Beaucoup d’élèves socialement défavorisés viennent augmenter l’effectif de l’enseignement spécialisé.

On manque cruellement de solutions dans le double diagnostic, le répit, l’accueil de la petite enfance.

Les allocations familiales majorées ne suffisent pas à financer les prestations que les familles doivent chercher ailleurs.

Lire le rapport 2015-2016 du Délégué

ü Mot de Maxime Prévot, Vice-Président du Gouvernement wallon et Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l’Action sociale et du Patrimoine, Bourgmestre de Namur :

J’ai tenu à rassembler les autres ministres pour un Plan Autisme Transversal. Je suis moi-même touché par le handicap dans ma famille, pas l’autisme mais le handicap mental.
Nous nous sommes attelés à écrire un Plan Autisme, qui n’est pas seulement notre Plan Autisme, mais qui est aussi le vôtre, puisqu’écrit avec les mains des associations de parents qui ont été nombreuses à y participer, à le regarder d’un œil critique pour le faire évoluer et cette sensibilité a permis d’aboutir à une première version. Certes, elle a ses défauts ; je n’ai pas la prétention de dire qu’elle est parfaite.

Il n’y a pas d’intégration du volet fédéral dans ce plan ; cela n’a pas été possible et je le regrette, parce que, parmi les doléances régulièrement exprimées par les parents, il y a notamment la charge financière des interventions. Si je prends l’exemple de la logopédie, souvent les parents me disent devoir se saigner aux 4 veines pour apprendre à leur enfant à communiquer, à parler, ce qui est un élément-clé. Les parents sont nombreux à m’avoir expliqué que l’un des deux du couple avait dû renoncer à son travail pour accompagner son enfant, réduisant donc les ressources financières du ménage alors même que les coûts, eux, s’accroissent, sans remboursement suffisant. C’est pour cela que pour ce Plan Autisme, j’ai plaidé pour une articulation heureuse au-delà des clivages partisans parce que le Fédéral jouit encore de leviers essentiels pour répondre aux préoccupations qui sont les vôtres, qui sont celles des parents d’enfants avec autisme.

Des actions de ce premier plan sont déjà réalisées (c’est notamment le cas des formations), d’autres sont en cours de réalisation et ce avec en étroite collaboration et articulation avec mes collègues de la Région bruxelloise et de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Des moyens ont également été dégagés, ainsi la politique des cas prioritaires a vu son budget augmenter dès 2016 de 3.000.000 € pour pouvoir concrétiser des solutions d’accueil ou d’hébergement pour des personnes en situation d’urgence et parmi elles ce sont principalement des personnes atteintes d’autisme. Ces moyens supplémentaires s’ajoutent au 2.300.000 € de 2015 portant ainsi ce poste à 25.000.000 €, soit une augmentation conséquente au cours de cette législature.

D’autre part, un appel à projets visant la création de places d’accueil, ou d’hébergement pour personnes autistes ou présentant du double diagnostic (et la frontière est souvent mince) vient de se clôturer. Ce ne sont ainsi pas moins de 10.000.000 € qui seront consacrés à l’ouverture de places pour ces publics spécifiques mais aussi pour la création de dispositifs de répit. On connait aussi l’importance de ce type de services qui permet aux parents de pouvoir souffler un peu dans le parcours éprouvant qu’est l’accompagnement au quotidien dans les meilleures conditions possible d’une personne en situation de handicap.

La difficulté d’un plan autisme réside aussi dans le fait qu’il y a autant d’autismes que d’autistes. Les réponses doivent être à la carte ; or, un Plan Autisme, par définition, ne peut qu’être général. Et si chaque parent pense y trouver la solution personnalisée qui conviendra à son enfant/adulte, il sera forcément déçu.

Alors, si ce Plan a le mérite d’exister il n’est bien sûr pas parfait, c’est pour cela qu’à la fin de la législature, il y en aura un 2e et c’est aussi pour cela que j’ai engagé Mme Alice Suls, Vice-Présidente de l’APEPA, comme experte au sein de mon cabinet. Ce deuxième plan s’inscrira dans la continuité du premier afin que la qualité de vie des personnes atteintes d’autisme soit réellement améliorée.

Enregistrement vidéo d’un extrait du discours de Maxime Prévot.

Les conférences : présentations :

14h30 : État des connaissances en autisme par Dr Monica Zilbovicius, Directrice de recherche INSERM :

15h : Autisme & Enseignement, TEACCH par Théo Peeters, Neurolinguiste et Hilde De Clercq, Linguiste, Directrice du Centre de formation en autisme à Anvers :
Présentation de Théo Peeters.
Présentation de Hilde De Clercq.

15h30 : Approche ABA, par Joëlle Nuchadee, Dr en psychologie et BCBA

16h : Synthèse par Éric Willaye, Pr en psychologie, Directeur du SUSA





17 et 18h : 5 ateliers, répétés une fois : comptes rendus :

A.  L’approche TEACCH (Treatment and Education of Autistic and related Communication handiccaped CHildren) animé par Théo Peeters, neurolinguiste – TEACCH, Hilde De Clercq, Directrice du Centre de formation en autisme à Anvers, Freddy Hanot et Alice Suls (APEPA) :

Lors de cet atelier, Théo Peeters et Hilde De Clercq ont alterné leurs interventions, se complétant pour transmettre aux nombreux participants leur connaissance profonde de l'autisme et partager leur grande expérience en matière de TEACCH.
Théo Peeters, parti un an en Caroline du Sud aux USA il y a plus de 30 ans pour étudier l'approche TEACCH est un pionnier des bonnes pratiques en autisme, avec un tel dévouement pour aider les parents que ses exposés sont des témoignages émouvants qui ne laissent personne indifférent.

Avec Hilde De Clercq il a souligné qu'il faut mettre « les formes d'intelligences » ensemble : les professionnels ET les parents. C'est le pilier de TEACCH, la collaboration avec les parents. Les parents sont les experts de leur propre enfant, « ils méritent un doctorat ».
Il a bien sûr cité « la page noire » de l'autisme, la culpabilisation de la maman, l'époque de Bettelheim, et l'œil scintillant il a ajouté « entre nous aux USA, nous l'appelions Brutelheim », de brutal…

Hilde De Clercq a complété son exposé par quelques dias supplémentaires, elle dit que trop souvent TEACCH est mal connue, cette « méthode » ne s'applique pas qu’aux classes et aux enfants, mais à toutes les personnes avec autisme, partout.
Elle a survolé la structure dans le temps et dans l'espace et encore répété qu'il faut écouter la voix des parents.

Elle a parlé de la perception « propre » à la personne, p.ex. olfactive, gustative, etc. Et que les parents et la fratrie comprennent la signification des mots hors contexte, p.ex « coiffeur » veut dire tartine pour un des enfants qu'elle suit parce que un jour ce coiffeur a demandé à ce garçon s'il voulait une tartine et qu'elle lui avait bien goûté.
Pour Hilde et Théo, une personne avec autisme est une personne avec mode d'emploi, comme un ordinateur sans filtre "anti-spam".

Il y avait une riche interaction avec la salle : une maman logo qui n'est pas écoutée à l'école de son fils, une autre maman qui parle de « faire le deuil », un dirigeant d'un home qui demande comment s'organiser avec le personnel, etc. Comme Irène Knodt était au premier rang dans l'atelier et qu'elle est très amie avec Théo et Hilde, elle a parlé du fonctionnement au Mistral, maison créée par elle. Elle a ajouté qu'elle constate que ces dernières années les jeunes spécialistes fraichement sortis de l'école sont « trop théoriques, ils ne sont pas assez à l'écoute, ils pensent qu'ils savent ». Il y avait une belle complicité avec Théo et Hilde.

Hilde De Clercq a encore souligné que l'autisme n'est pas un problème médical, que l'auto-projection est une erreur, et que la psychanalyse n'a pas sa place dans les bonnes méthodes en autisme.
Les participants n'avaient pas envie de quitter l'atelier…

B.  L’approche ABA animé par Florence Bouy, logopède et formatrice ABA, et Isabelle Resplendino (APEPA) :

Isabelle Resplendino est une maman d’enfant avec autisme, qui a beaucoup progressé en enseignement spécialisé, puis intégré, puis ordinaire.
Elle a parlé de son expérience d’ABA en famille, et de la liaison nécessaire entre l’établissement et la famille. Elle a insisté sur le partenariat indispensable entre les deux et a donné des exemples concrets, issus de son expérience personnelle et celle d’autres familles.

Elle a expliqué le système ingénieux qu’elle avait mis en place pour son fils à l’école. Elle avait tracé, sur une feuille, un tableau avec les jours de la semaine et 2 autres colonnes pour y mettre des croix dans la case + ou -. Lorsque son fils avait été aux toilettes, l’enseignante inscrivait une croix dans la case +. Idem quand il avait mangé sa viande ou ses légumes. Lorsqu’il n’avait pas été propre, ou bien lorsqu’il n’avait pas voulu manger, elle mettait une croix dans la case –
Chaque soir, la maman reportait le nombre de croix positives (moins les négatives) sur une ardoise magique. Au bout de 10 croix, l’enfant recevait un euro pour tirer un sujet Pokémon au supermarché. L’enfant a acquis la propreté et mangé des aliments solides en 3 mois. L’institutrice renforçait aussi le bon comportement pour la propreté en lui donnant une image de Pokémon dès qu’il avait fait sur les toilettes.

Mme Resplendino a aussi parlé des comportements-problèmes, de l’extinction (ignorer un mauvais comportement pour ne pas le renforcer). Les encouragements positifs même si l’acte n’est pas celui attendu mais que l’enfant/adulte fait des efforts. Tout cela avec des exemples concrets. Deux mamans lui ont demandé comment faire avec un adolescent devenu fort physiquement. Mme Resplendino a expliqué les ressources disponibles (par internet, voir les comportements sur le site de Participate-autisme et les formations gratuites de canalautisme), les services du SUSA, etc.

Plus de données dans la présentation de Mme Resplendino.

Mme Florence Bouy est orthophoniste (logopède) ABA en France, et est Directrice clinique de Formavision, un organisme de formation agréé, qui a formé notamment du personnel des UEMA (Unités d’Enseignement en Maternelle Autisme) et assure la supervision d’une partie de ces UEMA.
Elle a parlé de l’ordre chronologique des actions à entreprendre, de la programmation des objectifs, de la précision de ces objectifs, des différents cadres d’enseignement, des relevés de données, des statistiques du maintien dans l’ordinaire des élèves des UEMA.
Avec des vidéos qui ont illustré ses propos, comme pour les enfants plus âgés en IME (Institut médico-éducatif).
Elle a parlé aussi de l’ABA pour les adultes en établissement, avec vidéos démonstratives à l’appui.
Guidance/effacement/comportements-problèmes/apprentissages… un tour d’horizon très pratique des techniques et applications.

Lien vers la présentation de Mme Bouy.

C.  L’Early Start Denver Model animé par Dr Razvana Stanciu, pédopsychiatre et Michèle Roussel (APEPA) :

Le Docteur Stanciu a développé la manière de faire évoluer les jeunes enfants de 1 an 1/2 à 5 ans dont le diagnostic d'autisme s'est révélé.

La méthode ESDM, Early Start Denver Model, vient des États-Unis. Son équipe a suivi une formation donnée par les instructeurs certifiés du MIND Institute, où a été créée la méthode. L'application se fait individuellement en hôpital de jour à raison de 4 heures par jour et 5 fois par semaine. Les parents ont également une rencontre régulière pour étendre le bénéfice de la méthode à domicile.

Les progrès des enfants sont directement sensibles pour la plupart d'entre eux, si la méthode est commencée précocement (de préférence avant 3 ans).

Après ce suivi, les enfants poursuivront l'école primaire d'après leur aptitude en classes TEACCH ou en intégration dans l'enseignement ordinaire.

Lien vers la présentation du Dr Stanciu.

D.  La Communication Alternative et Augmentative et les Technologies de l’Information et de la Communication animé par Christine Deravet, psychologue – pédagogue, Jeff Herbert, formateur Sema-Tic, Anne Courtejoie, logopède-formatrice Comalso, Alice Suls et  Freddy Hanot (APEPA) :

Les 3 animateurs se sont succédés et se sont parfaitement complétés.
Mme Deravet a d’abord fait le constat que trop peu de personnes avec autisme, en ce début de troisième millénaire, disposent d’un outil de communication efficace. Lors de la présentation PPT, elle a mis l'accent sur la grande diversité des outils et des méthodes qui permettent et/ou augmentent la communication d'une personne avec autisme. Elle a souligné l'importance d'opter pour la méthode qui convient le mieux à la personne concernée, en fonction d’une évaluation préalable des capacités communicationnelles, sensorielles, physiques et cognitives de la personne : les systèmes gestuels, les systèmes d’échange d’objets ou d’images, les systèmes cumulant image, mot et geste, les synthèses vocales, les outils informatisés, les tablettes, etc.

Elle a insisté sur la nécessité d’être progressifs mais aussi cohérents lorsqu’on met en place un système de communication : comment permettre à la personne de l’utiliser dans tous les milieux de vie ? Au sein d’un environnement qui soit rendu plus clair ? (Temps visualisé avec des montres time-timer, des consignes données à voir, émotions exprimées sous forme d’objets ou de smilies, …)

Enfin, elle a rappelé que certaines compétences devaient être travaillées en parallèle et notamment, la recherche du bon partenaire de communication, le regard, la capacité  à se trouver à la bonne distance de son interlocuteur et d’avoir son attention, … Ces compétences sont notamment travaillées lorsqu’on met en place la méthode PECS® (Picture Exchange Communication System).

Pour info, plusieurs banques de données de photos ou de pictogrammes sont accessibles sur Internet, parfois téléchargeables gratuitement ou à moindre frais, d'autres ont un coût plus élevé. Outre les supports de communication présentés dans le powerpoint, 4 carnets-supports de pictogrammes ont circulé de main en main, dont un qui permettait de former des petites phrases, un autre très pratique qui avait en fond l'image de la photo/picto utilisé, pour facilement reconstituer le carnet après usage.

Lien vers la présentation de Mme Deravet.

Mme Courtejoie a fait un résumé des tablettes que Comalso préconise et a souligné les résultats très positifs pour les apprentissages, pas seulement en matière de communication mais également pour les apprentissages cognitifs. Elle a fait circuler 3 types de tablettes en soulignant les plus grandes différences d'utilisation :
1) Une tablette Acer avec le programme Mind express, très complet et performant. Ce logiciel se vend aux alentours de 700 €.
2) Un iPad avec le programme GO TALK
3) Sur tablette Androïd et aussi sur iPad on peut installer « Let me talk », qui permet d'entendre des petites phrases.
Elle a fait plusieurs démonstrations avec ce matériel.

Mr Jeff Herbert, fondateur de MoultiPass, entreprise qui a conçu SEMA-TIC, a présenté ce logiciel ludo-éducatif, conçu et expérimenté pour l'apprentissage de la lecture dans le cadre d’une étude biomédicale ayant fait l’objet d’évaluations clinique et en milieu scolaire en France.

« Ce jeu confronte les enfants à plusieurs milliers de mots de vocabulaire. Il leur permettra étape par étape de progresser dans l’acquisition du décodage de la lecture. Un suivi personnel permet de visualiser leurs acquis. Il s’agit d’un outil de compensation et de soutien à l’acquisition de toutes les compétences pour aller vers la lecture. Son but est, en complément d’un accompagnement adapté, d’apporter des apprentissages spécifiquement élaborés pour des enfants avec autisme et sans langage fonctionnel. »

Chaque enfant avec autisme est penseur visuel à son niveau, avec une discrimination visuelle qui peut être beaucoup plus développée que chez les neuro-typiques. M. Herbert a donné l'exemple d’une jeune femme avec autisme qui était la seule à avoir remarqué que les nervures d'une feuille n'étaient pas dessinées dans le bon sens.

La méthode est basée sur la logique, aussi "binaire" qu'un PC, et l'apprentissage se fait par essai-erreur, pairing (besoin de l'autre pour réussir), et avec sollicitations des intérêts restreints. L’étude scientifique réalisée sur le jeu démontre que 100 % des enfants qui ont joué à SEMA-TIC ont acquis des compétences de lecture, et que 25% ont acquis le code de lecture.
Pour que les enfants puissent avoir accès au sens des mots, SEMA-TIC inclut 100 mots et images associées (90 noms communs et 10 verbes) et 50 phrases (en animation 3D).
À travers l’ensemble des jeux de logique, plus de 3000 mots sont présentés.

E.  Le rôle des paramédicaux animé par Anne-Véronique Noblesse, logopède, Aline Boiteux, psychologue, et Sarah Godfroid (APEPA) :

Mme Anne-Véronique Noblesse a présenté son travail en tant que logopède formée à l'ABA et au PECS®, travaillant une bonne partie de son temps avec des enfants autistes et depuis peu avec un adulte autiste.

Premièrement, si l'enfant ou l'adulte est non verbal, son travail va consister à travailler tous les pré requis à la communication tels que le regard, le pointage, l’interpellation, ... Elle va aussi évaluer s'il est possible de développer les vocalisations en travaillant de manière intensive les imitations vocales. En parallèle, elle va mettre en place une communication alternative tels que le PECS® (via classeur ou tablette) afin que le jeune puisse très rapidement trouver un moyen pour s'exprimer.

Lorsque l'enfant ou l'adolescent est un peu verbal, elle va favoriser les vocalisations et mettre le paquet sur leur développement. Il n'y aura théoriquement pas de mise en place de communication alternative.
Lorsque l'enfant est verbal, elle va renforcer les points de langage qui sont un peu plus faibles (au niveau de la production ou de la compréhension) car souvent le développement est dysharmonique, surtout en ce qui concerne les notions plus abstraites. Avec ces jeunes verbaux, elle va aussi beaucoup travailler tout ce qui est scénarii sociaux à l'aide de jeux ou d'applications.
La seconde partie de son travail concerne les interventions ABA. Lors de cette prise en charge, elle ne travaille plus dans son cabinet mais dans les milieux de vie habituels du jeune (domicile, école et endroits extérieurs qu'il a l'habitude de fréquenter). Ici le travail est beaucoup plus global et va du développement d'une communication adaptée à la gestion des troubles du comportement en passant par le développement de compétences scolaires mais aussi psychomotrices, etc. À l'école, Madame Noblesse va accompagner le jeune afin qu'il puisse suivre les mêmes cours que ses pairs, favoriser son intégration au sein de la classe et guider les instituteurs pour une meilleur compréhension de l'autisme.

Madame Noblesse a insisté sur le rôle des parents par rapport à son travail car ce sont eux qui sont le plus souvent avec leurs enfants et c'est important qu'ils puissent poursuivre les apprentissages en dehors des séances. Madame Noblesse travaille (à l'école et à la maison) avec les trois enfants autistes légers de Mme Sarah Godfroid.

Mme Aline Boiteux, neuropsychologue et sœur d'un adulte avec autisme, nous a également fait part de son travail avec les enfants autistes.
Elle s'occupe avant tout de rediriger les enfants vers d'autres thérapeutes après un bilan : kinésithérapeute, logopède,..

Elle fait également des tests de QI souvent demandés pour un remboursement en logopédie par exemple. A ce propos, elle disait qu'il fallait tenir compte de la spécificité des enfants autistes et que les tests leur soient adaptés. Par exemple, pour voir si un enfant a une bonne mémoire visuelle, si vous employez une série de visages, les résultats seront sans doute biaisés.

Madame Boiteux va régulièrement dans les écoles pour rencontrer les instituteurs afin de suivre l'évolution des enfants.
Elle disait qu'il était bon de travailler bien sûr les difficultés de l'enfant mais, aussi ce que l'enfant aimait faire et faisait bien, que cela l'aidait pour sa propre estime de lui-même. Par rapport au niveau des objectifs, elle disait qu'il était important de les réévaluer constamment en fonction de l'évolution de l'enfant.
Elle a également insisté sur le fait qu'il était bon de stimuler l'enfant mais qu'il ne fallait pas d'excès non plus dans l'autre sens car certains enfants ont trop d'activités extra-scolaires ce qui les fatigue beaucoup. On risque alors des troubles du comportement dû à cette fatigue.

Lien vers la présentation de Mme Boiteux.

Après les présentations, cela a été l’occasion pour les nombreux professionnels de poser des questions par rapport à leur vécu dans le cadre de leur travail : en tant que kiné dans une école spéciale, que travailler avec un enfant autiste ? Nous avons de gros soucis de comportements avec un adulte autiste au sein de notre établissement, pouvons-nous employer l'ABA afin d'améliorer ces comportements ? À qui s'adresser ?

Une maman regrettait le manque d'informations par rapport aux paramédicaux formés à l'autisme et se demandait où trouver des gens compétents. Elle souhaiterait qu'une liste soit établie par l'APEPA et disponible pour les parents.
[NDLR : certaines listes existent déjà ; voir :
Des parents nous ont interpellés par rapport aux traitements médicamenteux qu'un médecin leur a recommandé pour leur jeune fils avec de l'autisme léger. Nous les avons plutôt orientés vers les méthodes comportementales tels que l'ABA.

Tout le monde regrettait le manque de formation initiale à l'autisme dans le monde médical, paramédical et pédagogique. Seule une jeune logopède en avait eu au cours de sa formation. Les gens présents à l'atelier souhaiterait qu'une formation poussée en ABA soit organisée en Belgique francophone afin de pouvoir se former à l'autisme.
[NDLR : Nous espérons que cette formation voie bientôt le jour. En attendant, voir les nouveaux certificats universitaires délivrés par l’UMons, Sciences psychologiques et de l’Éducation :

20h : Spectacle : « Le Bal des Pompiers » de et par Laurent Savard :

Lire ici la critique.




Journée du 3 décembre 2016 en photos :



Aucun commentaire: