mercredi 11 avril 2012

Enfants en situation d'oubli

Le Collectif EgaliTED a fait ici une très bonne analyse des programmes des candidats à la présidentielle en matière d’autisme.

Depuis, le gouvernement a annoncé son plan autisme 3 qui se conforme logiquement aux recommandations de la Haute Autorité de Santé pour les bonnes pratiques dans les interventions auprès des enfants et adolescents en situation d’autisme et autres troubles envahissants du développement.

Comme l’article d’EgaliTED le fait remarquer, la politique menée par le gouvernement actuel depuis cinq ans a apporté son lot de restrictions de postes dans l’Éducation Nationale, et notamment chez les personnels spécialisés, malgré l’augmentation du nombre d’enfants à besoins spécifiques inscrits à l’école ordinaire.

Voici que le ralliement du radical Jean-Louis Borloo à Nicolas Sarkozy, et la reprise de sa proposition pour l’école dans le programme présidentiel change la donne. Espérons qu’il s’agisse là d’une promesse qui sera tenue en cas de réélection du président sortant. Naturellement, les propositions pour les enfants en difficulté scolaire peuvent s’appliquer aux enfants en situation de handicap, car nous parlons bien dans les deux situations d’enfants à besoins spécifiques ou besoins éducatifs particuliers. Il est regrettable que ce ne soit pas plus explicite dans cette proposition. Il vous reste encore quelques jours, Messieurs, et probablement l’entre-deux tours…

Mme Le Pen a fait un lifting plus politiquement correct de ses propositions précédentes, où elle voulait écarter les handicapés mentaux et sensoriels de l’école ordinaire (ces derniers étant toujours, à mots couverts, écartés dans la nouvelle version du programme) ; n’intégrant que les élèves en situation de handicap physique, et encore avec un contrôle sur les modalités d’acceptation… par un parti d’extrême-droite, on peut imaginer le genre de modalités…

Marine Le Pen a bien sûr tenté au passage d’attiser la haine de l’étranger car ce serait à cause d’eux, selon elle, que les personnes handicapées françaises se trouvent dans le dénuement… Pour paraphraser un proverbe corse, « Le renard perd le poil [au cours des générations] mais pas le vice ».

Ah M. Hollande ! Lui qui a si bien réussi lors de la primaire socialiste à rester dans une neutralité toute consensuelle, qui a fini par payer puisqu’il a remporté ces primaires… Je doute fort que face à un animal politique, un champion de campagne électorale hors catégorie comme Nicolas Sarkozy, cela suffise à lui assurer le fauteuil de l’Elysée… Son mutisme sur les méthodes éducatives de l’autisme, demandées par les parents, recommandées par la Haute Autorité de Santé, mutisme pour-ne-pas-froisser-mes-amis-psychanalystes-du-tout-Paris lui coûtera cher… les voix des parents, sans doute.

Pire, on peut s’attendre, avec les socialistes de retour au pouvoir, à une valse de chaises musicales à la Haute Autorité de Santé comme ailleurs : bref, un retour en arrière dramatique pour nos enfants autistes, malgré tout le bien qu’on peut penser du programme du candidat socialiste en matière d’intégration scolaire. Aujourd’hui, 80 % des enfants autistes ne sont pas scolarisés, et il n’y a guère de chance pour que cela change en continuant à privilégier la psychanalyse comme méthode d’intervention…

À moins d’un sursaut et d’un engagement ferme de François Hollande pour pratiquer les méthodes éducatives de l’autisme à l’école, ce qui lui permettrait d’aller dans le sens des familles sans blesser les psychanalystes. Mais, pour paraphraser Martine Aubry, « On ne battra pas une [psychanalyse] dure avec une gauche molle ».

Les candidats plus à gauche, je n’en parlerai pas, je n’ai guère à ajouter à l’article d’EgaliTED. Les relations incestueuses de la gauche avec la psychanalyse ont atteint leur paroxysme depuis qu’un député UMP, M. Daniel Fasquelle, président du groupe « Autisme » à l’Assemblée a proposé d’attribuer les fonds publics aux seules méthodes qui ont eu des résultats probants en matière d’autisme et d’interdire la torture du packing.

L’honneur est sauf pour la gauche, Gwendal Rouillard, député PS, secrétaire de ce même groupe autisme, appuie cette proposition de loi. M. Rouillard a un frère autiste. Est-il vraiment nécessaire pour que nos politiques aient un cœur qu’ils soient personnellement touchés ? Je ne pense pas, je le souhaite encore moins mais ça peut aider…

Je partage également l’avis d’EgaliTED sur Nicolas Dupont-Aignan, avec réserve cependant, car je relève quelques points de l’avis de NDA avec lesquels je ne suis pas d’accord : les Auxiliaires de Vie Scolaire ne peuvent pas tout, il faut aussi former les enseignants et que du personnel paramédical et éducatif intervienne à l’école, et arrêtez d’envoyer nos enfants en instituts médicaux ou en hôpitaux de jour ! Ils ne sont pas malades, ils sont en situation de handicap ! L’autisme n’est pas une psychose, il est temps de changer de paradigme pour vivre dans notre XXIe siècle, M. Dupont-Aignan et les autres candidats ! Si des enfants sont hébergés dans des instituts en Belgique, c’est principalement parce qu’ils sont scolarisés dans l’enseignement Belge et la raison de cet hébergement c’est leur éloignement de leur résidence…




Ah M. Bayrou ! Mon préféré ! Moi qui pensais qu’un parti humaniste devait être pionnier dans l’inclusion scolaire des enfants en situation de handicap ! Vous aussi, non ? Ben François, lui, l’est pas au courant :

Son programme pour l’école, Proposition 27 :

 
« Pour les enfants handicapés dans leur scolarisation, des progrès ont été faits, mais des obstacles demeurent. Beaucoup d'enseignants se sentent démunis face au handicap. Je propose que l'on aborde cette question franchement dans le cadre de la Conférence nationale sur le handicap. Enfants handicapés dans leur scolarisation, cela mérite une réflexion et un soutien nouveau de la nation. »

Dommage que la prochaine conférence nationale sur le handicap est prévue pour… 2014. Nous autres, parents d’enfants en situation de handicap, rendez-vous aux urnes en 2014 pour voter pour François Bayrou, quand on connaitra son programme.

Quoique… peut-être qu’il sera inutile de s’en donner la peine : il n’y a pas que la gauche à s’accrocher à des méthodes révolues et délétères : notre « centriste » en est aussi bien capable.

Allez, l’honneur du centre est sauf, une femme reprend le flambeau.
 
Ce billet a donc commencé par les présidentielles, et glissé sur les législatives : d’autres batailles nous attendent, parents aux urnes !!!




2 commentaires:

Françoise Boulanger a dit…

Oui, dans sa présentation en tout cas, elle m'apparaît très bien, madame Taittinger. J'espère qu'elle sera élue et qu'elle pourra défendre la cause de l'autisme.
Dommage qu'elle ne soit pas vraiment du centre.

Isabelle Resplendino a dit…

Elle est centre-droit. Il y a toujours des centristes au gouvernement, hélas aujourd'hui le centre ne représente plus grand-chose, car la 3e voie a fait plouf...

Aujourd'hui, la 3e voie, c'est Mélenchon ou Marine, qui est-ce qui a sabordé cette 3e voie centriste ?